La Fête Musicale de Caminando Saint-André

Carnet de voyage et de chant

Caminando Saint-André

21 juin 2023

https://issuu.com/hdnsamanta/docs/caminando-2023

Récit photographique d’une balade patrimo/musicale

Tout commence ici…

…à la bibliothèque de Saint-André, les enfants ont construit l’après-midi les bâtons de la Tribu.

et Jeanne nous propose un chant.

Le point de départ du voyage musicale est au restaurant/hôtel Les Tonnelles, on échauffe les voix et les instruments .

Benjamin Pelliccio est venu nous chercher pour la messe..

Mais avant, un petit rituel autour du Platane.

pas le choix, la messe humanitaire, nous est imposé…

ça y est, la parade prend l’ampleur sur la rue Condorcet.

un petit stop à l’école Condorcet, pour écouter l’histoire des écoles raconté par Emmanuelle, de la plaque de la chorale italienne au garage de Momo, de la rivière et des femmes qui nous raconte Agnès.

Terra Canto nous offre l’Italie.

et les Roses de Saint-André nous surprennent avec une danse indienne.

à la rue Pontet, la Fanfare des Familles enchante les voisins au passage.

le balcon de la tia de Jeanne Alcaraz, et les chanteur des Sonnettes nous rappellent la migration espagnole.

on chante la Kabylie, aux immeubles des Tuileries.

rumba maestro! la rue de Grawitz resonne comme l’influence gitane du sud de l’Espagne.

les Joyeuses Petanqueuses du boulodrome de Saint-André, nous ont accueilli magnifiquement. Canteras de la bande à Séon et concert de Barrio Chino.

3 passagers racontent leur voyage de nuit au centre de Saint-Antoine

montage rêve 1Pour les journées européennes du patrimoine, plusieurs passagers ont embarqué samedi 14 septembre de 21h30 avec le Mille-pattes pour un Voyages au centre de Saint Antoine via la Balade des Rêves.

Ils ont pu approcher et rencontrer un quartier par les rêves de ses habitants… une expérience à laquelle ils ont été conviés, accompagnés par l’un de leurs rêves, venu croiser le grand inconscient de ceux qui vivent à Saint Antoine.

Basée sur des rencontres réelles tout au long de cette année, cette traversée de nuit d’un des seuls quartiers qui possède à Marseille une vie nocturne grâce à ses snacks, a dérivé du monde réel au monde symbolique et imaginaire de ses habitants.

Le groupe Mille-pattes remercie chaleureusement, pour leur générosité, leur sens de l’accueil et du partage: Marcel et Maggie, (Café de la Gare), Mr Roustom Allali (magasin UTILE, une… coopérative!!) et tous les gens qui travaillent au Snack-Pizzeria « Al dente », à Saint Antoine. sans qui cette étonnante balade n’aurait pu se faire.

L’occasion de laisser la parole aux passagers de cette balade qui annonce celle de novembre avec Ariana Cecconi et Tuia ChericiBalade nocturne à Saint Antoine, les rêves racontés.

montage rêve 1

J’ai participé au parcours Voyages au centre de Saint Antoine – La Balade des rêves- Versant nuit,  organisé par votre association et le Mille Pattes dans la nuit du 14 septembre 2013.

Comme les animatrices avaient souhaité un feedback par mail sur cette soirée, voici mon avis :

Déjà, un grand merci ! D’abord, pour le projet global d’Hôtel du Nord, dont j’expérimentais une première facette hier… Super de faire découvrir d’autres réalités de Marseille, en mêlant social, culturel, économique, à travers des réalités quotidiennes !

J’ai trouvé la soirée d’hier généreuse, les animatrices enthousiastes, et j’ai admiré le travail créatif de la « plasticienne » (?) italienne, à la fois accessible et invitant au voyage (système de projection, dans l’ancien cinéma Lido de Saint-Antoine) ;

J’émets cependant quelques réserves : j’ai trouvé cette balade des rêves un peu trop « orchestrée », encourageant certes la participation, mais muselant quand même un peu l’imagination et le ressenti de chaque participant (en tous cas moi) parce que cette balade était à mon goût un peu trop séquencée, organisée… J’ai eu l’impression de ne pas avoir suffisamment de temps pour appréhender simplement la nuit à Saint-Antoine, cheminer, observer, et rencontrer les autres participants…

Il n’empêche que c’est plutôt une réussite, et je remercie les organisateurs pour cette soirée originale et investie. Elle m’incite à participer à nouveau à d’autres moments initiés par Hôtel du Nord.
Cordialement,

montage rêve2

Pierre LORENT
Marseille

Dans la « BALADE NOCTURNE » d’Ariana, tout le monde participe, même les estrangers au quartier ! Quand ma femme m’avait annoncé nous y avoir inscrits, j’avais dû lui dire un truc du genre : « oui, ça nous changera les idées », mais pour être parfaitement honnête, j’appréhendais un peu. Rendez-vous compte, chacun vient raconter son rêve aux autres participants. Mais Ariana nous décomplexe délicatement avant de nous conduire à pieds dans « Saint-Antoine by night ». Comme dans le vrai sommeil, on commence acteur de son rêve, puis on est doucement guidé dans une balade au cours de laquelle on obéit au scénario imprévisible qui nous a été concocté. Comme dans un autre rêve, on y fait des rencontres inattendues, dont on est le simple spectateur étonné et ralenti. Elles nous plongent dans les rêves des autres, et nous font ressurgir souvenirs et personnes disparus du fond de notre mémoire. Comme dans un rêve, on voyage sans effort, car la balade nous promène plus mentalement qu’elle ne nous déplace vraiment dans le quartier endormi. Et puis vient le « réveil », où nous redevenons acteurs de nos rêves apportés en partage, où nous les visualisons, embellis, mais un peu estompés, comme une évocation difficile à cerner. Finalement, c’était une balade que j’ai quitté à regret, comme un rêve que j’aurais voulu prolonger.

Éric NOEL (Boulogne Billancourt)

Montage reve3

La Balade des Rêves

C’est une balade qui n’endort pas  mais une balade qui déshabille l’âme.

Je me suis ainsi retrouvée nue, totalement nue,  devant un groupe d’inconnus sympathiques, certes, mais avec qui, au premier abord,  je ne partageais que le même penchant curieux  de vouloir lever un  coin du voile sur les profonds mystères de l’onirisme.

La Balade des Rêves est délicieusement menée par une jeune femme extraordinaire – Ariana –  à qui on commence par abandonner  en toute quiétude impudique un rêve, qu’il soit le plus récent ou un rêve récurrent, peu lui importe.

Alors,  Ariana s’en empare,  l’empoigne, le caresse, le cajole, le rendant délicatement érectile à la vue de tous, puis l’enferme.

Démuni de votre rêve et  délesté du symbole incarnant le rêve que vous avez choisi d’offrir ce soir, vous partez alors pour  une balade truffée de surprises à tous les coins de rues du village de Saint-Antoine. Surprise après surprise, vous serez emporté(e) dans un univers onirique, les yeux pourtant très grand-ouverts.

Un fil invisible, tenus par des mains faites de douceurs et d’attentions,  vous guidera du brouhaha au silence éternel, des néons à la pénombre, d’un continent à un autre, d’un Dieu à un autre, d’un alcôve à un autre, bref d’un rêve à un autre appartenant à ce quartier …

Cette déesse du rêve qu’est Ariana, saura vous restituer  par magie, votre rêve à vous,  et ce, dans une scénographie artistique époustouflante.

Car dans le dernier tableau de cette scène, et avec la complicité artistique de sa comparse «Tuya », votre rêve devient une autre réalité mais toujours dans toute sa vérité : un tableau de couleurs, de matières et d’émotions profondes dont les codes vous berceront longtemps quand vous chercherez le sommeil.

Do-Adriana D. (Boulogne -Billancourt)

© Photos Dominique Poulain

3 récits

“L’ESTAQUE EN BATEAU”, c’est un peu comme les bateaux-mouches de Paris, mais nous ne sommes que deux dizaines à bord d’un bateau en bois. Le parallèle c’est qu’on y découvre l’histoire d’une partie de la ville depuis son bord, grâce aux commentaires de Danièle, qui nous rendent palpable la vie des hommes de l’Estaque. La comparaison avec l’insecte fluvial s’arrête-là, car on est sur la mer avec l’immensité derrière nous, et on regarde la côte, tantôt de près, tantôt de loin, bercé par le tangage ou le roulis de la goélette, et le son du clapot. Des plaisanciers passent autour et à côté, et nous saluent, des rochers sublimes dans le couchant motivent une photo. Sur la goélette, les participants « du coin » apportent leur témoignage parce l’histoire de leur famille est celle que l’on découvre. Nous on vient de la capitale, alors on se sentirait presque touristes ordinaires, surtout quand le soleil nous caresse à travers mats et cordages : c’est aussi une balade en bateau, tranquille.

Dans la “BALADE NOCTURNE” d’Ariana, tout le monde participe, même les estrangers au quartier ! Quand ma femme m’avait annoncé nous y avoir inscrits, j’avais dû lui dire un truc du genre : « oui, ça nous changera les idées », mais pour être parfaitement honnête, j’appréhendais un peu. Rendez-vous compte, chacun vient raconter son rêve aux autres participants. Mais Ariana nous décomplexe délicatement avant de nous conduire à pieds dans « Saint-Antoine by night ». Comme dans le vrai sommeil, on commence acteur de son rêve, puis on est doucement guidé dans une balade au cours de laquelle on obéit au scénario imprévisible qui nous a été concocté. Comme dans un autre rêve, on y fait des rencontres inattendues, dont on est le simple spectateur étonné et ralenti. Elles nous plongent dans les rêves des autres, et nous font ressurgir souvenirs et personnes disparus du fond de notre mémoire. Comme dans un rêve, on voyage sans effort, car la balade nous promène plus mentalement qu’elle ne nous déplace vraiment dans le quartier endormi. Et puis vient le « réveil », où nous redevenons acteurs de nos rêves apportés en partage, où nous les visualisons, embellis, mais un peu estompés, comme une évocation difficile à cerner. Finalement, c’était une balade que j’ai quitté à regret, comme un rêve que j’aurais voulu prolonger.

La balade sur les traces de l’usine Martin frères : “UNE TUILERIE FABRIQUE DE L’URBAIN, à Saint André”, c’est un vrai parcours pour marcheurs curieux, ponctué d’innombrables arrêts tant il y a à dire, mais aussi tant que le patrimoine est encore là pour illustrer l’histoire des hommes et des femmes de St-André. Accompagnée d’une habitante qui complète par le témoignage de son propre vécu d’enfance, les recherches historiques de Samia, celle-ci nous montre que les rues, le relief du terrain, et l’architecture parlent. On y lit la vie des ouvriers, des commerces, des enfants dans la rue, des patrons. Partis de l’église Saint-André, point haut du quartier, nous descendons en passant d’un boulevard à l’autre par les traverses, nous conversons avec des témoins de l’évolution du quartier, visitons les parties accessibles des vestiges impressionnants du puissant industriel, avant d’aboutir au détour d’un chemin sur les terrains en friche qui ont pris la place de la tuilerie. Marcher sur les pas tuiliers de Marseille  permet sans nul doute de se sensibiliser à ce qui fait naître un quartier, lui donne des décennies de vie, et finalement le laisse en transit vers une hypothétique nouvelle destination économique. Ce qui est plus sûr, c’est qu’après cette superbe immersion, je n’ai qu’une hâte : plonger dans les autres histoires, et marcher à travers les autres territoires des quartiers Nord !

ÉRIC NOÊL, 28 septembre 2013

Sixième marche sous l’Etoile.

SIXIÈME  MARCHE : « SOUS l’ÉTOILE » (Hôtel du Nord/ Récits d’hospitalité n°4-– C.Breton/G.Caccavale).

Lundi 3 juin 2013.

La matinée commence en gare St Charles, comme tous  ces  lundi depuis janvier. Premières douceurs de l’air .Cet hiver a mangé le printemps : pluie et vent depuis des semaines. On descend à la halte-ferroviaire ,déserte, de St Joseph -le Castellas. Depuis les opérations comptables des années 80 , dites de  restructuration des  transports ferroviaires , les cheminots ne se croisent plus que dans les gares. Je ne m’y fais pas à ces déserts-là .Quand les trains relient les hommes entre eux. D’ailleurs ici la billetterie électronique est hors d’usage et il semble établi que les voyageurs  vers St Charles ne paient pas de billet. Curieux  monde, non ?

On suit un sentier abrupt, en talus, sous la voie ferrée, entre coquelicots et déchets oubliés comme cette épave de voiture où somnole un chat jaune. On repasse, comme une fois précédente,  près de  filets  d’eau cristalline  entre les mousses, au-dessus d’un parking,  derrière la cité gérée par la Phocéenne d’Habitation .C’est  Christine Breton  l’érudite qui  le dit : elle déchiffre pour nous  la ville ,l’histoire, la géologie, les faits religieux, salue par leur nom tel et telle, demande des nouvelles à l’équipe d’entretien …La cuisinière du Centre municipal  du Castellas sort de ses fourneaux , sourire éclatant ,qui nous gratifie d’un « Dieu vous bénisse tous ».On est à deux pas d’un mur de Berlin , une autoroute urbaine  vrombissante, près de ce qu’il reste d’une bastide de la famille Falque :un portail monumental, la maison du gardien ,des allées de platanes .Le « fantôme du château « dira Christine hante les lieux :un mur de clôture en  tôles cède , penche, semble s’effondrer :qu’y a –t-il en sous-sol ? Probablement  une ruralité du 19ème siècle  provençal qui a fait  place aux logements sociaux  avec leurs alignements de paraboles et de linge qui sèche. Marseille des campagnes, en périphérie, remodelée par les barres de HLM .Entre 1962 et 1963, lorsque l’Algérie coloniale devient indépendante, il fallut loger 300 000 habitants venus de rive sud : Maghrébins de la main d’oeuvre  pour des chantiers qui poussent alors  partout, Harkis , Pieds- Noirs… .Soit la population de Toulouse ! Bidonvilles puis logements sociaux transformèrent  le paysage péri urbain  et la société. Tout a été très vite et les traces de ces bouleversements géographiques sont aussi sociaux. Il faut l’intelligence et le sens de ce que sont les êtres humains d’un M.Doumé Santhiago (avec un H souligne-t-il ) musicien et inventeur de micro société en bas de chez lui ,cité des Aygalades. Des rencontres   entre Gitans, Haïtiens , Comoriens, Maghébins.. par le travail  des jardins partagés de l’association du bas des immeubles . Elle se nomme :« ça coule de source », dit la pancarte. Estrade pour concerts, grillades et apéros sous des couverts d’arbres et de tôles. Pieds de tomates , courgettes et salades sagement alignées sur la pente. Un petit monde en recherche. Réinvention d’un village-monde. J’y vois un antidote aux enfermements des « origines », »communautés » et autres mythologies des barrières. Le redire encore : construire des ponts ,non des murs.   Ce Doumé  a  donc fait un stage de formation de jardinier..La Ville lui a promis un emploi d’animateur …il y a trois ans… « ça s’est perdu » me dit –il avec un sourire un  peu triste. La vie est forte et « l’espérance violente «  souffle le poète . « Les légumes ça aide, pour les fins de mois »ajoute-t-il , pudique.

Je me suis alors demandé comment nous voient ces habitants  de leur fenêtres, ces femmes furtives revenant des courses ,celles  qui font bouillir les marmites  et aiment les enfants ? Marches et paroles à travers les histoires du temps, regards bienveillants qui ouvrent des yeux et les chemins des consciences. Travaux pratiques  d’approches sans fards  du réel qui cassent tant de clichés sur les « banlieues ».On peut rêver d’un forum  sans tralala officiel , celui des marcheurs, en fin d’année 2013 .Une capitale à nous : celle des  têtes qui se rencontrent et se  racontent.  Avec ceux qui s’associent et se parlent en marchant. Etonnantes, éphémères et précieuses traversées des apparences ! Rencontre qui mêlerait travailleurs sociaux , habitants…juste pour s’écouter, essayer de parler la même langue. C’est si difficile de passer les frontières.

Assis pas loin des arbres , sur un pré où on a dit qu’il y avait tant de sources  sous-terraines  et autres puits disparus (les Aygalades ,aigo ,aquae… l’eau ).Encore une autre  source : on écoute  assis en cercle une dame venue de Haïti ,c’est Josette, de l’association ATD Quart Monde. Son français chante la Caraïbe et articule comme personne : « le corps professoral »,  en parlant du collège et le précieux travail de l’école publique pour les enfants du quartier. Toujours vif l’espoir des humbles pour leur promotion humaine et sociale par le savoir .Tant et si bien qu’un collégien dira, rapporte Josette, « On participe au projet de la France ».C’est pas beau ça ? A côté de moi, Juliette de l’Ecole de l’architecture et du paysage avec son gros carnet , croque ,note, observe. La marche comme école de l’écoute et de l’observation. On reprend le jardin d’Epicure à Athènes, penser en rompant avec la brutalité du monde.

Je n’oublie pas les commentaires savants dans la petite église des Aygalades , la crypte et sa  grotte en tuff , l’histoire de Marie Madeleine,les ermites des grottes cassianites , le mont Carmel ,la Palestine… les récupérations par la hiérarchie catholique au 13èmesiécle .Tout cela est repris patiemment par Christine à partir de ses déchiffrages des « forgeries » et autre trucages savants  des manuscrits qui troublent par leur récurrences et qu’on trouvera plus en détail dans son livre cité comme titre ce petit papier impressionniste.

J’avais un peu  la tête ailleurs : l’odeur vieillotte de l’église  , la pénombre des  voûtes ,l’histoire des reconstruction et de la symbolique du scapulaire, les traces d’encens et de poussières, les regards de douceur du Père Antoine ,le curé de la paroisse qui nous reçoit ,ancien prêtre ouvrier qui a dû voir passer et soutenir  tant de luttes sociales  dans l’après- guerre des quartiers industriels de Marseille…Il était en conversation avec le jovial  président du CIQ des Aygalades , qui parle haut ,préoccupé par le mauvais état du mur de la grotte des Carmes, en haut du ruisseau Caravel (c’est son nom ) ou ruisseau des Aygalades qui longe l’autoroute Nord, au milieu d’un superbe figuière :celle  des mille figuiers .Tu n’imagines pas bien, cher lecteur, de combien de centaines de kilos de figues  est peuplé ce vallon ! Les pluies interminables de ce printemps ont fait leur œuvre …Près  des  cascades  bondissant sur plusieurs niveaux ,un animateur de l’ADDAP 13 (actions de prévention de la délinquance  par le  Conseil Général ) raconte le labeur d’une équipe de jeunes qui a construit avec  force pioches ,pics ,madriers, scies et sueurs un sentier de visite qui croise des aménagements  hydrauliques, escaliers et autres murs  anciens ..Encore les enchevêtrements de l’histoire longue de cette ville-monde : traces des aménagements industriels pour les moulins et savonneries ,chemins des ermites vers les laures et autres refuges qui tournent le dos au monde, eaux  ruisselantes dans les tufs de 1,6 millions d’années du ravin de la Viste,  à travers les lacis de plastiques et autres rejets urbains, vrombissements des moteurs sur l’autoroute A51…  Et  cette porte Nord de Marseille invisible et  qu’on touche presque du doigt à travers les récits des hérétiques et autres rebelles, ce morceau de terre sainte comme le nomme Christine .A partir de son enquête sur un oratoire sur la route d’Aix aux Aygalades, perdu  et retrouvé dans une bibliothèque. Ce petit  livre là  se lit comme toutes ces interprétations qui éveillent nos sens et nos esprits le temps de ces marches .Ou encore de la modification qui s’opère en nous lorsqu’on marche à travers les terres et le temps.

Essayez !

Gérard Perrier, à  Puyloubier 5 juin 2013.

Récit illustré des marches dans les récits d’hospitalité

Gérard Perrier, passager des balades d’Hôtel du Nord, propose un petit récit illustré des marches dans les récits d’hospitalité avec Christine Breton  et fait réagir Philippe Foulquié.

Petit récit illustré  d’une marche  le 1 avril 2014 avec la coopérative HOTEL DU NORD (Marseille quartiers Nord  ) et ses balades patrimoniales  .

On a pris le train à St Charles sur cette ligne PLM ( dont on reparlera plus avant )  avec le célèbre tunnel de la Nerthe ,le plus long du monde lors de sa construction en 1843-48.On passe la gare de l’Estaque.

Une marche  qui met l’esprit en mouvement avec les récits d’histoires de  fondation  «  improvisés »  par  Christine Breton (conservateur honoraire du patrimoine et sociétaire de la coopérative ) . Le corps et les sens dans le déchiffrement de l’espace .

Donc on marche ce matin venteux et plombé. Vers l’oppidum celte de La Cloche  ( 3ème siècle de notre ère  jusqu’à sa destruction par Trébonius en  49 av JC lors du siège de Marseille), celui de ce réseau de villes perchées  sur les collines de calcaires ,pins d’Alep et chêne kermès ,autour de Marseille.  Celles des Celtes.  On n’en parle plus guère, au profit des Romains et des Grecs, les vainqueurs .Ceux qui écrivent l’histoire ,comme ailleurs.

Ici , autour de Marseille   cet oppidum  contrôlait  l’une des entrées Nord .celle de la plaine de Marignane et de l’étang de Berre, au-dessus de la brèche  dite du » Pas des Lanciers »  (déformation française du provençal : Pas de l’Ansié ou passage de l’anxiété ,de l’inquiétude ,de la peur ).On  en sait  un peu grâce aux travaux de fouilles archéologiques conduites de 1967 à 2001 par une équipe d’ amateurs éclairés sous la conduite de Louis Chabot,  de l’usine Aérospatiale puis Eurocopter  à Marignane, qui vinrent  sur le site tous les dimanches en familles…J’y suis d’ autant plus sensible que dans les environs du Toulon de mon enfance, mes parents avec  mon frère allions aussi voir à la fin des années 50 , les vestiges d’un autre oppidum celto ligure, celui de  la COURTINE ,au-dessus d’Ollioules. Lieu de fabrication des grandes serres de Rastoin ,on le verra plus loin  la mention  sur une photo de porte.

Ici on voit la fin d’une époque récente  celle de la propriété agricole (vin et maraîchage) de la famille RASTOIN .On traverse le domaine ,ses traces de vie enfuie. Ce monsieur chauve  qu’on voit   est d’une famille de chrétiens de gauche dont l’un d’eux fut adjoint de G.Defferre  .Un autre, Pierre,  président de la Ligue des Droits de l’homme. Tout se croise dans ces lieux  .Cet homme  nous accueille avec  l’histoire de son travail, l ’agriculture, achevé avec l’âge, et tient à dire qu’il   est de gauche , adhérent de la Confédération paysanne  et soutient les AMAP… et  qu’il est obligé de vendre le domaine… J’ai appris par d’autres agriculteurs eux  aussi  AMAP, Françoise Sinoir  et Pierre Follet ,  près de Pertuis ,autrefois riche plaine agricole (une pomme de terre fameuse porte ce nom :sur le marché d’Aix des années 70 on vendait « La «  Pertuis)  que ,dans la commune de VILLELAURE ,110 agriculteurs sont retraités ,10 en activité … Ce monde-là meurt.  Autre désastre écologique et social.

Les fouilles citées  ont montré que des  échanges  commerciaux ont eu lieu de la côte catalane au centre de la Gaule à la Bohême allemande ,la Slovaquie. Les constructions des cases celtes  (murets de pierres sèches exhumées) adossées aux remparts se retrouvent dans les mêmes dispositions dans les villages berbères du Maghreb ,les fours et citernes de même .On a aussi trouvé comme à Roquepertuse et Entremont  des crânes humains avec clous, liés à des rites magico religieux qu’on connaît mal. Croisements encore :la cheminée de briques voisine de l’oppidum est l’une de la série des aérations du tunnel de la Nerthe .Lequel contribua  aussi aux découvertes ultérieures des œufs de dinosaures bien connus des aixois….
NB la marche est du 1 avril 2013 et non par anticipation en 2014…

Retour des hauteurs de l’oppidum de   la « Cloche »  : cheminée de briques pour l’aération du tunnel de la Nerthe, la ferme Rastoin et ses serres d’Ollioules qui seront démolies..

Enfin  séance d’explications finales  dans le froid de cette petite gare sans personnel SNCF comme souvent ,hélas, en attendant le passage du train, une heure après celui escompté, supprimé pour cause de travaux. .

Christine Breton sur les oppida celtes en réseau ; Jean Cristofol sur la philosophie générale des réseaux et ceux des Saint Simoniens notamment , grands constructeurs de réseaux capitalistiques (canal  de Suez ,voie du PLM pour acheminer d’abord  le charbon de la Grande Combe près d’Alès pour les bateaux à vapeur de l’Empire colonial naissant à partir du port colonial,Marseille en pleine extension … ) et sur la hauteur à +90m /niveau de la mer ,de la gare St Charles, pour des raisons de déclivité des voies ferrées aux débuts de la locomotion à vapeur ,faible en puissance, par l’auteur d’un livre de référence sur cette gare,  Gérard Planchenault  qui a partagé avec nous son savoir…

Bref si vous voulez vivre un de ces incroyables moments d’humanités insérées dans l’histoire sociale inédite et transversale  de la région marseillaise , allez voir le site www.hoteldunord.coop (balades patrimoniales diverses toute l’année 2 fois par semaine ) inscrivez- vous sur site  ..Lisez les 6 «Récits d’hospitalité »  écrits par C.BRETON et alii  publiés à Marseille par les  Editions communes :editionscommune.over-blog .com déposés à la librairie l’Odeur du Temps, L’Encre Bleue à l’Estaque, à la Friche … et dans les chambres d’hôtes de la coopérative des habitants des 15-16. Qui est en lien avec des constructions coopératives  similaires toutes nées dans les quartiers populaires   d’ORAN (Bel Horizon ) VENISE  ( Faro Venezia )  et SEINE ST DENIS  (Plaine Commune). Sur la base de la convention de FARO de l’Union Européenne laquelle dispose que le patrimoine  culturel est l’affaire de tous les citoyens…

Là où : «… les prolétaires n’ont ni histoire ni patrimoine, eux étaient seulement faits pour reproduire des enfants qui seraient des ouvriers ».. écrit dans de belles pages de conclusion de la « VILLE PERCHEE » (Hôtel du Nord n°2 )  l’auteure pré- citée ,parlant de la rencontre, dans un bistrot marseillais ,  rue de Lyon (dans le 15ème)de Hannah Arendt et Walter Benjamin  en 1940 .W. Benjamin lui remet son manuscrit des « Thèses sur la philosophie de l’histoire «  pour Adorno réfugié à New-York (….) » …juste avant la catastrophe innommable ».

Vous voyez bien comment ces balades parlent de bien d’autre chose que des pierres et des histoires ..Elles nous parlent de nous.GP

PS On trouvera les conclusions des travaux  de LOUIS CHABOT ,  le chef de file des archéologues amateurs d’Eurocopter  (qui ont fouillé le site durant 34 années de 1967 à 2001 !  ) sur PERSEE via Internet  (texte intégral ).

promenade récit

De : Philippe FOULQUIE
Date : 3 avril 2013

Gérard bonjour,
Et merci pour ces compte-rendus de parcours Hôtel du Nord. Je dis depuis longtemps que cet Hôtel du Nord est une magnifique initiative portée par des personnalités dont l’engagement n’a jamais été démenti.
Une sorte de collectif liant habitants et représentants d’institutions qui ont mis en commun compétences, responsabilités et convictions citoyennes pour aboutir à cette merveilleuse histoire de gens. Il convient d’analyser cette histoire, non pour en faire un modèle qu’il suffirait de déraciner pour la planter ailleurs, mais bien plutôt pour montrer comment des projets de gens, de société civile réelle, de citoyens peuvent porter les espérances que n’assument plus des partis et leurs démélés d’affaires ou de renoncements, qui les empêchent de se reconstruire.

Comme les Gabians, comme les Feuillants, comme tous ces lieux qu’inventent des gens soucieux de vivre et las d’attendre l’ouverture de portes de plus en plus verrouillées, comme toutes ces initiatives et ces laboratoires sociaux, culturels ou citoyens que Marseille propose dans tous ses quartiers.

Au moment où la poursuite politicienne par la Gauche des renoncements de la Droite avoue ses misères, quant la continuité du mensonge institutionnel est ça et là interpellée, ce rappel peut encore être salutaire.
Encore merci.

Philippe Foulquié

Récit du parcours d’une jeune communauté patrimonial à Verduron.

Récit du parcours:

Nous nous sommes donnés rdv devant la pharmacie, qui est aujourd’hui également une sorte de mémorial à la mémoire de Antoine, le jeune homme tué par un voisin qui voulait  » protéger » la pharmacie.
Cet épisode récent à beaucoup marqué le quartier, posant notamment question du renforcement d’une barrière invisible (sociale) entre Verduron (résidentiel, maisonnettes et villas) et la Bricarde (cité).Dominique et Marta nous lisent en français et en Islandais un poème écrit alors par Matthias Kristjansen , qui était en résidence d’écriture à Höfn (chez Dominique et Jean).

Nous avons ensuite remonté la pente pour emprunter le Boulevard Freze.
Quelques bâtiments nous ont interrogé (histoire/fonction à rechercher):
•Maison élévatrice des eaux
•Bâtiment du Centre social/centre d’animation (Allée de Vignes) visiblement un ancien bâtiment catholique.

Puis on emprunte une mini traverse charmante rejoignant l’allée du petit pont.

Dans la traverse, nous rencontrons Bernard (ancien patron du bar Longchamps Palace) qui nous explique avoir dans son jardin un bout du canal (nous cherchons à comprendre les cheminements et les ramifications de l’eau).
Dans l’allée du Petit pont nous rencontrons  Jean Pierre et Caroline (qui connaissent l’une d’entre nous). Nous leur expliquons notre démarche et nos débuts de questions.
Ils connaissent des anciens qui vivent à côté et sont d’accord pour organiser une rencontre avec eux un de ces jours.
La démarche du groupe les intéressent, veulent bien suivre (inscription sur la liste mel du groupe).
[showtime]

A côté, nous croisons les photos de JR réalisées à l’occasion des rencontres photos d’Arles. Nous découvrons ainsi quelques voisines…

Nous allons à la recherche (toujours allée du petit pont) de la paroisse et de l’association culturelle arménienne (Verduron a longtemps majoritairement été un quartier peuplé de migrants arméniens et italiens).  Aujourd’hui renouvellement extrêmement important (résidentialisation) et plus beaucoup d’anciens. Le travail de mémoire est urgent (a priori collectage en cours du côté du CIQ, à vérifier).

La grande bâtisse de l’association est fermée. Il faudra y revenir.

Au bout de l’allée du petit pont, nous trouvons le dernier terrain en friche dans Verduron (dedans et non à ses limites de colline). Présence d’une tour en pierre en ruine (chercher ce que c’était).
Pression foncière très importante depuis quelques temps, un habitant croisé sur la route nous expliquera plus tard que le CIQ a eu quelques succès sur des promoteurs de résidences fermées ces derniers mois. Se renseigner.

Nous repartons pour rejoindre le boulevard du point de vue puis la « Butte Chaumont » qui nous amène au point de vue du boulevard de Bellevue.

Nous reprenons la discussion (commencée par Julie et Dominique les deux jours précédents) avec le monsieur habitant la dernière maison avant les escaliers (nous ne connaissons pas encore son nom).
Jolie histoire: il était marin breton travaillant sur les gros bateaux de fret. Un jour il y a 30 ans, du bateau où il se trouve dans le port, il regarde « le Pain de sucre » (autre nom donné à Verduron en raison de sa ressemblance avec le pain de sucre de Rio) et voit une maison à côté d’un arbre à la forme singulière, face à la mer (donc il la repère de très loin).
Il a un flash et se dit: « voilà où je veux descendre du bateau pour vivre ».

Il a réussi à la retrouver, l’a acheté et depuis 30 ans la retape à la main. Il a pu dans des conditions extrêmes (même une brouette ne passe pas) refaire un jardin et potager magnifiques, où vivent aussi en liberté lapins et basse cour.
Dans son jardin il a trouvé un blockhaus, quelques casques, baillonnettes et grenades (dixit « pourtant ce n’est pas mon genre, moi qui élève mes lapins en liberté… »).
En effet Verduron est le quartier où s’est jouée la dernière bataille, a priori la plus sanglante, de la libération de Marseille, le 28 août 1944.
Tante Rose et Moulin du diable sont des noms maintenant glorieux pour qui s’intéresse aux batailles de Marseille… Rappelons que Marseille a été principalement libérée par les « Goumiers », les combattants d’Afrique du Nord. Dans le cas de Verduron, c’était des marocains.
Christine Breton nous indiquera par la suite l’emplacement d’une batterie allemande un peu haut dessus de l’oppidum.

Puis direction l’Oppidum où nous attend Christine Breton. Christine est une commissaire du patrimoine longtemps détachée sur Marseille 15/16, avant sa retraite cette année, sur une mission de développement du patrimoine intégré (un patrimoine dont les habitants sont acteurs, tant dans le processus de désignation que de valorisation/animation-cf convention de Faro et droit au patrimoine www.hoteldunord.coop).
Hôtel du Nord est l’un des aboutissements de cette mission et de ce travail mené avec et par les habitants (avec la commission patrimoine 15/16) .

Sur le chemin, nous trouvons un bel arbre plein de Kakis que visiblement personne ne souhaite cueillir. Nous apprendrons quelques minutes après nous être goinfrés que c’était justement l’arbre du président du CIQ que nous voulions rencontrer…
Discussion avec Mr Davault, rencontré au hasard de la route, qui nous apprend, outre l’identité du propriétaire du kaki, que la Garamaoude est toujours « lâchée » une fois par an dans Verduron (une tradition provençale encore en vie? La Garamaoude est une créature monstrueuse qui s’apparente à la tarente).
Au détour de la conversation il nous dit qu’il travaille à la DDE (avec du coup des connaissances sur certains dossiers urbanistiques) et qu’il compte ouvrir une chambre d’hôte l’année prochaine… Je lui enverrai donc de l’info sur Hôtel du nord et nos activités…

Le boulevard du Pain de sucre et Christine au bout…

Nous voilà donc dans cet Oppidum que finalement quasi aucun de nous n’avait jamais foulé (certains avaient beaucoup tourné autour, sans finalement jamais le trouver ou le croiser).
Pour mémoire, les oppida sont des espaces d’habitats fortifiés protohistoriques (avant les romains) témoignant de la présence celte en méditerranée.
Celui-ci a semble t-il été habité peu de temps et a connu une destruction violente au cours du IIème siècle avant JC.

Christine nous en fera une visite passionnante difficile à retranscrire dans ce type de compte rendu mais on peut garder tout de même noter la difficulté qu’ont eu les historiens à investir la question celte en méditerranée (Marseille la phocénne, avec au loin son vieux port, est grecque). Notons comme indice de cette très récente tolérance de l’histoire à considérer ce versant (cette hauteur…) que le livre de référence cité ci-dessous et le classement aux monuments historiques de l’oppidum ne datent que de 2004.
Elle nous renvoie vers les travaux de Dominique Garcia: La Celtique méditerranéenne. Habitats et sociétés en Languedoc et en Provence du VIIIe au iie siècle av. J.‑C., Éditions Errance, Paris, 2004.
Aujourd’hui le site est peu entretenu, peu valorisé et même le cadre législatif qui devrait empêcher toute construction sur un périmètre de 500m à partir du site n’est pas respecté (villa neuve en fin de construction a 200m…).

La présence celte (gauloise) en Provence a été importante et a généré une sorte de « Ville perchée métropolitaine », en regard de la ville basse grecque.
Christine nous a ainsi fait partager son approche de la « métropole des oppida », qui se répondaient par système de relais et de spécialisations (tel ou tel savoir faire, telle ou telle fonction) sur une trame géographique qui reliait Marseille à L’Etang de Berre puis à Arles. Pour elle, la trame n’est pas totalement claire (entre les oppida de Marseille et ceux qui remontent l’étang) mais nous livre cette hypothèse comme une possibilité de relier les territoires de nos explorations et nos relectures urbaines.

Pour mieux comprendre, allez également lire son livre Récit d’hospitalité n°2-La ville perchée-Editions Communes/Hôtel du nord et venez participer aux repérages que nous allons faire pour tenter de relier les oppida qui entourent Verduron (Mayans-Marseille 15ème d’un côté, la Cloche- Les Pennes Mirabeaux  de l’autre).
Jean propose de poser un calque de trame supplémentaire sur notre jeu métropolitain, en tentant de relier en même temps que les oppida les balises aériennes qui permettent aux avions de trouver leur axe vis à vis des pistes de Marignane (une autre manière de lire et structurer le territoire…).  Ce sont deux trames « orientées » qu’on testera le 1er novembre…

Nous envisageons également un itinéraire intéressant pour nos futures balades publiques nous permettant de relier l’oppidum par l’Estaque et la Pelouque (ancien terrain de foot de la Castellane). Belle arrivée sur le site, en lien avec la question de l’eau, et bien pour ceux qui ont des chambres Hôtel du nord à l’Estaque ou à Mourepiane et qui aimeraient emmener leurs invités se balader à partir de là.

Retour ensuite par la crête qui sépare Verduron en deux communes (Marseille et les Pennes).
L’école réserve quelques surprises dans sa répartition de façade Filles/Garçons,
le quartier semble attaché à ne pas renoncer à ses vieilles devantures de commerces trépassés,
le Moulin du Diable a été transformé en annexe d’une grande villa très « villa ».

Une nouvelle petite traverse gentiment débroussaillée par Jean et Dominique la veille et nous voilà chez eux, dans une rue sans nom puisque toute la rue s’appelle 66 boulevard Henri Barnier…:
Une ancienne ferme qu’ils ont retapé depuis 15 ans, en regardant les terres environnantes se lotir, et aujourd’hui une résidence d’écriture et une chambre hôtel du nord pour voyage près de chez vous… (www.hofn.free.fr)

Et pour finir je vous mets une adresse Facebook d’un groupe de jeunes gens qui ont intitulé le facebook, « Tu es né à Verduron si…« .

Julie De Muer. Octobre 2011.

Récap des livres conseillés au cours de la balade:

  • Dominique Garcia, la celtique méditerranéenne, 2004- cf récit qui suit.
  • Christine Breton/Martien Derain, Zora Adda Attou, La Ville perchée, Récit d’hospitalité n°2, Editions communes-Hôtel du nord- Cf récit qui suit
  • Ruines maudites, collection Rouge safran. Roman policier pour tous à partir de 7 ans, avec un fort contenu historique et documentaire. Ca parle donc à partir d’un regard contemporain, des relations entre les grecs de Marseille et les celtes de Provence, notamment avec la participation du premier archéologue qui a fouillé l’oppidum de Verduron.

01 12 16 22 30 3739 41 Les piémonts de l’Etoile

Récit du Séjour Côté Nord d’Hôtel du Nord

Avant de partir :

Cela fait déjà deux ans que j’ai lu ces mots :

« Disons, pour être plus précis, que certaines villes supportent d’être parcourues suivant un chemin balisé, qu’il y a des quartiers à voir, ce qui signifie que, pour d’autres, ce n’est pas la peine. Au fond, l’itinéraire est l’aveu qu’il y a du déchet. Alors, soyons objectifs; si quelqu’un vous demande que voir à Marseille, la réponse à apporter est simple: tout. »

Par Patrick Cauvin, publié le 01/11/2004, l’Express

Séjour chez les hôtes

Tout d’abord, à noter que je suis un « habitué » des séjours en chambre d’hôte. Dans des contrées plus au nord (Savoie, Alpes de Haute Provence etc.) depuis la fin des années 90. J’ai de plus en plus apprécié ce mode de séjour. Presque toutes mes expériences furent positives. Quelquefois même, s’installait une sorte d’« amitié »/connaissance autour de discussions avec mes hôtes, de la politique, de la situation des populations « étrangères », des rapports entre ces gens qui se sont installés là dans la campagne et les « indigènes »…

Donc tout cela pour dire que je savais que ce genre de séjour peut être, pour moi, une chose « intéressante », car je cherche le contact avec les hôtes.

Dès ma « découverte de Marseille » en 2007 (en fait là, ce fut seulement un séjour de deux nuits et un jour…ça a suffi pour allumer le feu), j’ai cherché une « chambre d’hôte » – on pouvait en trouver, mais il fallait réserver des mois en avance. Depuis j’ai fait plusieurs voyages à Marseille et à chaque fois, je regardais s’il y avait quelque chose de nouveau. Et, enfin, enfin, je découvrais « Hôtel du Nord » – qui était déjà dans mon « radar », je crois, il y a deux ans !

D’après les infos d’internet, j’avais l’impression, bien que ce soit ciblé sur 2013, qu’ils étaient en train de s’organiser. Mais dès le début, ce qui m’intéressait – et je voulais en savoir plus -c’était l’idée de donner aux visiteurs, en plus d’une chambre, un« insight ». Je n’avais pas encore bien compris ce que c’était vraiment et ce fut seulement durant mon séjour que j’ai vu ce que c’était. A vrai dire, une drôle de curiosité me poussait. J’allais ainsi de temps en temps visiter le site et je fus heureux quand je lus l’annonce du « séjour Côté nord ». C’est comme ça que je suis arrivé là.

Mais revenons aux hôtes et à leurs rôles. L’intégration à la vie des hôtes a été plus intensive que celle que j’ai connue ailleurs ; je m’y attendais un peu, vu le programme.

Les repas qu’on prenait ensemble m’ont donné la possibilité d’avoir un « plus » par rapport au « programme officiel. À part le petit déjeuner prévu par le programme, ils m’invitaient à prendre l’apero et en plus à partager leur copieux dîner sur la terrasse perchant sur la rade. C’était l’heure de parler sur les aspects plus locaux, en l’occurrence, de Mourepiane, de sa situation, de l’histoire du dernier siècle, de l’industrie (pétrolière par exemple), de la conversion de la zone de port en zone d’activité, enfermée derrière les grillages, ce qui empêche donc l’accès à la mer.

Je reviendrai, aussi, sur ce que j’appellerai l’ « ancrage » chez les hôtes, après avoir discuté de quelques thèmes et problèmes qui ont été particulièrement présents pour moi dans le séjour –j’ai appris beaucoup de choses, j’étais impressionné, parfois irrité, j’ai beaucoup réfléchi, etc. etc.

Libre accès

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

« Libre accès» est un thème qui est apparu, sous différents aspects, aussi bien du côté hôtes que du côté programme organisé/ballades. Mon arrivée chez mes hôtes coïncida avec l’heure de l’apéro que l’on a pris sur la terrasse (comme je m’y attendais!) et le « problème » s’imposa là, en pleine face, devant mes yeux : le port ou ce qui est devenu le port, une zone industrielle, derrière des grillages ; là j’ai compris ce que voulaient dire certains intitulés du programme qui parlaient d’autorisation d’accès au port. Grâce aux descriptions très vives de Max, mon hôte, je pouvais m’imaginer la situation d’avant l’agrandissement du port dans les années 50. Pour une première heure, c’était déjà une entrée dans la question, sans la comprendre totalement bien sûr, mais il y aurait d’autres jours et d’autres occasions « ballade sur mer » par exemple pour en discuter et en savoir plus.

Ce thème fut aussi très présent durant la ballade « Plan d’Aou », à l‘œil nu (voir photo) ou dans les récits (« le mur ») et même dans l’action, en traversant plusieurs de ces barrières pendant la marche…

Pour moi, c’est vraiment curieux de pouvoir intégrer un thème/motif dans ses différents aspects, visibilité, action et récit/témoignage. J’ai l’impression que cela donne aux questions une très grande intensité, car ce n’est pas seulement « la raison pure » qui est impliquée, mais aussi le côté émotionnel.

Urbanisme

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

Ce que j’appellerai un« urbanisme cru » s’est imposé à moi, à mes yeux, sous divers aspects et à différents moments, dans les ballades organisées, à la soirée à la Cité des Arts de la Rue… : tout ce « bric à brac » de sites de production, actuels et anciens, de friches (le fameux « terril » près des Aygalades), de terrains de stockage de containeurs, de centre commercial comme le « grand littoral », avec en-dessous un autre désert de friche, des étangs vides à côté…

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

En fait, c’est surtout lors de la seconde partie de la ballade « plan d’Aou », que cela s’est imposé – après bien des impressions que j’avais déjà eues à St. André et aux Aygalades – comme des bizarreries que je n’aurais jamais imaginées dans mes cauchemars.

L’impression était la suivante : j’ai besoin d’un terrain pour le stockage de containeurs, un centre commercial, une usine, une autoroute ? Je prends les pentes des anciennes carrières d’argile. Et c’est ainsi qu’on instaure la séparation entre les habitations « d’en haut » et celles des anciens villages. Ce qui donne naissance à une zone cauchemaresque, tarkovskienne…pas de lien, difficile de se comprendre (différent de Stuttgart, de Lyon), des mondes à différents niveaux : mer, colline, au milieu ( pentes où il y a le plus grand bric à brac)

« Le social »

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

J’ai toujours essayé de mettre ce que je découvrais dans les ballades (St. André et Plan d’Aou), en relation avec la situation en Allemagne que je connais un peu.

J’avais l’impression d’une très grande séparation entre les immigrants du Maghreb et « les autres »). En centre ville, « le voile » est très, très peu présent pour mes yeux allemands – sauf dans les quartiers arabes où il y a aussi une séparation …Le mot ségrégation m’est venu à la tête.

Revenons au séjour lui-même : c’est bien la ballade « Plan d’Aou » qui m’a fait voir cette réalité, c’est devenu très concret grâce aux récits sur la démolition des habitations, leur remplacement, l’édification de murs (en Allemagne, on n’aime pas du tout les murs et les barbelés, trop d’images très tristes du dernier siècle dans la tête), les portes, les fenêtres cassées volontairement par quelques « mercenaires » de la spéculation. Grâce aussi aux discussions que tout cela suscitait. Je m’en souviens d’une en particulier entre un participant de la ballade et la guide qui mettait en évidence la difficulté de se comprendre et de comprendre certaines choses, les portes fermées, les hurlements le soir…Et puis, en plus de tout cela, grâce à un très beau cadeau que l’on a reçu sur cette ballade : des plans guides, fabriqués par des enfants de l’école, qui proposent un parcours et des actions : ce qu’il y a à voir, à faire, ce que c‘est pour un enfant de passer ses jours sur cette plaine perchée.

Et bien sûr à presque tous les pas, il y a le soleil et la mer…très précieux, j’apprécie beaucoup ! 
Intégration des Réalités

Pour résumer, pour décrire un peu ce qui s’est produit dans « ma tête » pendant le séjour et les semaines après et qui est bien sûr encore en processus, j’utiliserais l’expression d’ « intégration des réalités ». Comment intégrer ces réalités dispersées, contrastées, côte à côte que l’on a vues, vécues en une identité qui serait celle des quartiers nord ?

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

On pourrait faire comme une stratigraphie de ces diverses réalités spatiales (horizontal, vertical) et temporelles.

De plus, cette pluralité de réalités s’adresse autant à l’intellect qu’aux émotions. Par exemple, au cours de la ballade des Aygalades, sur le terril particulièrement, j’avais l’impression d’être dans un film de Tarkovski (Soleris, Stalker), avec à la fois une idée et un sentiment d’isolement, d’étrangeté et de déstructuration. Je n’avais jamais vécu ça de cette manière

En fait, ce processus d’intégration pourrait à voir avec un processus de « Aufklärung ».

Les hôtes comme ancrage

Après le récit de toutes ces expériences qui me sont chères, je voudrais revenir aux hôtes et à leur rôle dans ce processus. Si j’y réfléchis, ils assurent comme un ancrage des choses vécues lors du programme officiel. Je pouvais ainsi raconter, discuter, montrer des photos le soir ; on proposait ensemble des titres pour les photos, « la savanne », la »mer en prison », qui exprimaient les opinions et les attitudes de chacun– et bien sûr, celles de mes hôtes n’étaient pas toujours les miennes.

On a vu, visité des choses qu’ils ne connaissaient pas ou pas bien. Mon récit, notre discussion nous donnaient une autre perspective, modifiaient nos opinions respectives. C’est bien aussi d’inverser le sens des flux d’informations et opinions des visiteurs aux hôtes.

The future ?

Je ne sais pas encore. Le processus est en train d’évoluer. Je raconte, je montre mes photos. Les réactions sont bien intéressantes. J’en ai montré certaines de la « désindustrialisation », de paysages « vides » à un ami de l’Allemagne de l’Est : la réaction était attendue, mais tout de même intéressante.

J’ai un peu l’impression que c’était « le » début. Quel début ? Est-ce qu’il y a une « transformation » ? On va voir.

Ce texte s’inscrit dans le cadre du travail de Michèle Jolé professeur en sociologie urbaine et plus particulièrement sa publication de janvier 2012 : Hôtel du (des quartiers) Nord ? La construction singulière d’un bien commun urbain in Metropolitiques.

(C) des photos: Dr.Jochen Eckert, Wiesbaden

Séjour du 15 au 18 Sept. 2011 (+ 2 jours en privé chez les hôtes)

Dr. Jochen Eckert