Restons branchés! Récit d’exploration #2

Les récits d’exploration mettent en partage les conversations et recherches des balades en cours de construction. 

Cette fois ça commence par un pique-nique sur la terrasse de Dominique.

Chacun a amené une histoire à raconter, une production à goûter ou un bouquin à partager autour de sa relation à l’arbre.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Après le pique quasi gastronomique on revient dans l’enquête.
 
La mémoire des fractures…
 
D’abord l’histoire du Robinier Faux acacia. Dans la vieille ferme que Dominique et Jean viennent habiter il y a déjà un paquet d’années, ils devinent deux ronds entourant ce qui devait être deux arbres, abritant agréablement la terrasse et donnant des airs de bastides à l’endroit. 
 
Mais il faut bien vivre et l’activité de la ferme évolua, avec notamment du stockage de charbon. On coupa les arbres pour laisser la place au camion venant livrer le combustible. Des années après, Jean et Dominique partent donc en quête d’un nouvel arbre à planter là, pour donner un peu de fraicheur au lieu où nous pique-niquons. 
Alors qu’ils espéraient un micocoulier, c’est finalement un robinier qui emménagera avec eux. Ils apprendront avec lui à accompagner la « fracture” (c’est un arbre très cassant), ce qui va nous permettre d’arriver à notre premier adage/slogan inventé de la journée (il y en aura d’autres…):  « Ça casse mais ça pousse »…
 
 
 
 
 
 
Ça vaut des nèfles…
 
Pas très loin du robinier, on trouve un très vaillant néflier qui a tout particulièrement l’affection de Jean. 
 
Serait-ce par goût pour ce qui n’est pas très valorisé (comme un peu chacun de nous dans ces balades)? Ou par intérêt pour l’activité permanente dont cet arbre fait preuve (Jean est aussi un grand travailleur)? 
 
En tous cas il nous amène notre deuxième adage: « Super, ça vaut des nèfles »…
 
 
 
 
 
 
 
 
Le Palmier du ghetto…
 
Josyane a bien préparé son résumé de ses recherches sur l’Aillante! Outre ce qu’on savait déjà (que c’est une plante qui s’installe dans les terres remuées, qui résiste à des conditions très dégradées de sol et de pollution, qu’on peut au choix y voir une nuisible ou une championne de la survie), on apprend que cet arbre fut donc importé de Chine (on verra que la Chine est récurrente dans cette histoire…) comme arbre d’ornement mais aussi, mais surtout, dans l’espoir d’une exploitation économique via son Bombyx, un papillon de nuit capable de produire de la soie.
Quand cette production n’a plus trouvé d’intérêt économique on l’a peu à peu trouvé moins sympathique…
Pour continuer à lister ses qualités, et pas seulement ses défauts (notre goût pour les nèfles…), on remarque sa capacité à pousser rapidement, les qualités musicales de son bois,  ses capacités à inhiber la germination d’autres plantes (ce qui peut être un défaut comme une qualité…).
 
 
Un instrument pour sonder les corbeaux en Ailante
 
 
L’Ailante a aussi beaucoup de noms différents, qui expriment la difficulté de clairement le classer du côté des bons ou des mauvais…
 
Outre le “Palmier du Ghetto », « Faux vernis du Japon », “Arbre du ciel » et « Arbre du paradis, il a aussi deux noms d’usage en Chine: 
Pour le chinois de la campagne il est l”’Arbre du printemps” (car sa période de « renaissance » annuelle est tardive et annonce avec certitude le printemps) quand il est pour le chinois des villes “l’Arbre puant” (parce qu’il dégage une odeur nauséabonde quand on froisse ses feuilles). 
Les chinois l’utilisent aussi comme métaphore à la fois du père de famille (par allusion à son côté imposant quand il est mature) et du fils dévergondé (en faisant allusion à la croissance un peu fofolle des rejets de souche).
 
Alors l’adage qui nous vient pourrait être : « Oui mais non ».
 
Entre Terre et Ciel…
 
Et l’on finit notre petit tour de table de nouveau avec la Chine, mais aussi la langue arabe et le dessin, avec Stéphanie qui nous montre les idéogrammes qui correspondent à « arbre” mais aussi « racine”, « cime”, « forêt »… 
Elle nous fait également partagé le beau livre Nous n’’irons plus au bois” dessiné par Zeynep Perinçek. 
 
 
Pour l’adage, les chinois nous invitent à réfléchir à Si j’étais un arbre…

 

 
 
 
 
 
 
 
 
Et puis on part en balade sur Foresta…
 
 
C’est pour commencer le retour du robinier, dans une autre situation. 
Dalila nous raconte alors que cet arbre, grâce à la présence de nodosité et de bactéries symbiotiques sur ses racines, a la particularité comme toutes les Fabaceae (légumineuses), d’être capable de capter l’azote de l’air (ce que la plupart de végétaux ne peuvent pas faire bien que l’atmosphère en contienne 78%). 
Une partie de cet azote sera utilisé pour fabriquer ses protéines, et l’ autre restera dans le sol et deviendra assimilable par les autres plantes.
Le Robinier, en agissant comme un engrais, en fait ainsi profiter les autres.
 
Donc c’est super… Oui! 
 
Mais il prend aussi possiblement la place d’autres plantes à cause de ses gousses pleines de graines… Non! 
 
“Oui mais non »…
 
 
Bon, on apprend aussi qu’il peut remplacer le teck pour faire de chouette terrasse mais aussi des bâtons du jardinier car son bois est imputrescible.
 
Quelques mètres plus tard voici le peuplier. 
 
Potentiellement marqueur d’eau, mais oui mais non nous dit la compagnie, car c’est le peuplier blanc, pas le vert. 
Mais savez-vous que le peuplier blanc c’est le peuplier de peintres de la Renaissance italienne, l’arbre avec lequel ils fabriquaient leur retable pour peindre sur bois? Ceux du nord utilisaient le chêne. 
Clin d’oeil aux nombreuses histoires italiennes de ces quartiers?
 
Et puis voilà le Frêne et ses histoires de Fresnette (idée pour l’Epicerie Foresta?) mais aussi de fourmis qui nettoient l’arbre en buvant le liquide sucré contenu dans des pucerons à partir du suc de l’arbre… euh… vous m’avez compris??
 
Et toujours ces plantes qui indiqueraient l’eau, en dessous… 
 

Le mystère du Savonnier. Pourquoi ça s’appelle comme ça? On ne sait pas mais on sait que, encore une fois, cet arbre vient de Chine… 
Troublante cette récurrence de la Chine, quand on sait que le projet MIF 68, qui indirectement a provoqué le projet Foresta, est largement lié aux investisseurs chinois et aux stratégies des nouvelles routes de la soie…
 
 
 
Tiens cette fois un Troène du Japon. Ils furent à la mode dans les bastides marseillaises, taillés en boule et recouverts de filets afin de permettre « Les chasses aux dames » , les oiseaux étant ainsi plus faciles à chasser pour la gente féminine…Hum Hum…
 

Nous voilà à l’orée de l’incendie. Un drame et une chance… Nous échangeons sur les impacts de l’incendie, à la fois traumatiques pour les hommes dans la modification du paysage qu’il provoque, mais aussi accélérateur pour certaines plantes qui vont profiter de la lumière retrouvée.
On se dit qu’il faudra approfondir cette question de l’incendie, de sa gestion aussi, notamment en invitant le chercheur Thierry Tatony à converser avec nous.
 
Des Chênes blancs, Chênes Kermes, de la Filaire, du Neprun, Viorne tin, Salsepareille, c’est tout un milieu qui vit là, face aux Ailantes et aux buissons d’Atriplex.
 
 
 
 
L’un grignotera t’il l’autre?
 
 
Nous y serons attentifs et pour prendre soin de cette incroyable relique nous proposons également d’entamer une procédure de classement au titre de la protection du biotope, rien que ça!!
 
 
 
A suivre…
 

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4 réponses sur “Restons branchés! Récit d’exploration #2”

  1. alors je suis allé chercher sur le net ; “pourqu’oi l’arbre a savon ”
    et le verdict tombe bien logique ……

    Koelreuteria paniculata
    Savonnier

    le Savonnier, est un arbre de la famille des Sapindacées originaire de Chine et de Corée.

    La famille des Sapindaceae (Sapindacées) regroupe des plantes dicotylédones ; elle comprend environ 2 000 espèces réparties en 140 genres.
    Elle est représentée dans le monde entier. Les Sapindaceae sont des espèces ligneuses, le plus souvent des arbres ou des arbustes, parfois des lianes.
    Selon les classifications , les Sapindaceae incluent désormais aussi les érables ainsi que les marronniers et apparentés, qui appartenaient respectivement, selon les classifications classiques, à la famille des Aceraceae et à celle des Hippocastanaceae.
    La famille tient son nom du genre Sapindus, l’« arbre à savon », qui produit des fruits utilisés comme « noix de lavage » en raison de leur pouvoir détergent dû à la présence importante de saponines. De nombreuses autres espèces de la famille des Sapindacées contiennent aussi des concentrations marquées de saponines qui leur confèrent de plus une certaine toxicité pouvant parfois ouvrir à des usages thérapeutiques. Les extraits de marron d’Inde (Aesculus hippocastanum) ont été ainsi utilisés pour traiter des problèmes de circulation sanguine du fait des effets vaso-constricteurs des saponines.

    et voila logique qu’oi !
    savonnier… savon …
    jean francois

  2. un tres tres court extrait de ” Mon nom est rouge” de Orhan Pamuk
    je suis l’arbre (page 93)

    COMMENT JE SUIS TOMBé DE MON HISTOIRE
    COMME UNE FEUILLE TOMBE D’UN ARBRE

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