Lisette Narducci, intervention Forum de Marseille

Texte de l’intervention de Lisette Narducci, Maire du deuxième secteur et vice-présidente du Conseil Général lors du Forum de Marseille sur la valeur sociale du patrimoine pour la société les 12 et 13 septembre 2013 sur le site des ouvriers de la réparation navale.

Cher monsieur Hirt et les membres de l’association des ouvriers de la réparation navale,
Mesdames et messieurs les représentants du Conseil de l’Europe, de l’Union européenne,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs des délégations de Venise, d’Oran, de la Seine Saint Denis,
Mesdames et messieurs, chers amis,

Je vous remercie, cher monsieur Hirt de nous accueillir. Ici même, des hommes, des ouvriers ont décidé de constituer et de conserver la mémoire de leur travail qui, lui, a disparu, balayé par les mutations du port. Derrière leur action il y a une lutte, de la résistance. Ce n’est pas un lieu nostalgique. C’est l’histoire vivante d’une culture qui ne se mire pas dans un joli miroir. Aujourd’hui, le politique ne prend plus à sa charge cette dimension de la culture, et c’est justement pour en parler que je suis ici avec vous.

Nous nous connaissons depuis de nombreuses années monsieur Hirt, j’étais convaincue  depuis longtemps de l’importance de ce que vous avez réalisé avec vos amis. Il se passe ici quelque chose qui nous concerne tous, qui fait patrimoine au sens de la convention de Faro.

Dans la convention le patrimoine culturel y est décrit comme « un ensemble de ressources héritées du passé que des personnes considèrent, par delà le régime de propriété des biens, comme un reflet et une expression de leur valeurs, croyances, savoirs et traditions en continuelle évolution. Cela inclut tous les aspects de l’environnement résultant de l’interaction dans le temps entre les personnes et les lieux ». Nous y sommes.

La mairie de secteur à adhéré en 2011 aux principes de la convention de Faro. Si cette adhésion n’est que symbolique (seule compte la ratification nationale), ses implications sont, elles, bien concrètes. La coordination patrimoines et créations du 2/3 s’est constituée la même année, appliquant la philosophie novatrice de la Convention de Faro, en associant préservation du patrimoine et démocratie participative. Sa richesse tient à la diversité sociale de ses membres : actifs/non actifs, associations, institutions, artistes, universitaires et experts ou simples citoyens. Tous vivent dans le 2/3 et possèdent de ce fait «  une expertise d’usage » réelle et incontestable de leurs quartiers. Chacun peut se reconnaître dans leurs membres, et peut se sentir valorisé par les actions collectives réalisées. La coordination est un moteur du développement de la participation démocratique locale, avec effet de boule de neige : elle grossit toujours davantage prenant chaque citoyen tel qu’il est et s’enrichissant de l’apport et des compétences de chacun. A la coordination patrimoines et créations, on avance ensemble, on progresse ensemble, on s’apprend ensemble, on diffuse ensemble…

Toutes les actions de la Coordination Patrimoine et Création des 2/3e arrondissements, s’inscrivent dans la réflexion menée lors de la Convention de Faro, en respectant les principes des valeurs humaines au centre de la gestion du patrimoine culturel, de transparence et de responsabilité partagée. Elles se traduisent concrètement dans les idées novatrices des différents projets menés depuis.

L’ancrage très local des projets culturels permet en effet une découverte, une gestion et une promotion du patrimoine culturel très proche des habitants. Les 2 et 3e arrondissements ont été le théâtre d’événements historiques riches de sens, et constituent aujourd’hui un environnement culturel unique. Ils bénéficient par ailleurs d’importants travaux de rénovation ou réhabilitation, notamment avec Euroméditerranée, qui lui permettent d’obtenir une double inclination : se souvenir du passé, tout en étant tourné vers l’avenir.

La Coordination en action ce sont les balades patrimoniales, colonne vertébrale du projet. Depuis 2011 une vingtaine de balades patrimoniales ont été réalisées, des centaines de participants, de nombreux partenaires institutionnels et associatifs, une dizaine d’entreprises, des regroupements et collectifs d’habitants.

C’est aussi l’opération Quartiers Libres, projet né d’une étroite collaboration entre la Mairie et l’association En italique. Une réflexion et une analyse sur « ce qui fait patrimoine dans nos arrondissements », ont été à la base de ce projet. Quartiers Libres ce sont des expositions, des ateliers, des rencontres, des découvertes sensibles (de l’art et de la culture) et d’échanges (de la citoyenneté et de la socialisation) avec des habitants et des usagers. Depuis 2012, cette initiative innovante propose de s’intéresser chaque année, pendant quatre ans, à un quartier du 2eme secteur de Marseille. En 2013, le projet Quartiers Libres s’intitule « TABULA RASA », il concerne le quartier du Panier et s’inscrit dans les Ateliers de l’EuroMéditerranée de Marseille Provence 2013.  Il met en action les principes de la Convention de Faro.

Une nouvelle aventure s’engage en 2014 avec un projet en partenariat entre la  Bibliothèque Départementale,  l’association Transverscité, En italique et la mairie de secteur, dans le cadre d’un appel à projets de recherche intitulé « Pratiques interculturelles dans les institutions patrimoniales », initié par le Ministère de la culture. Il regroupe les communautés patrimoniales, habitants et acteurs associatifs du secteur. La convention de Faro a un rôle central dans ce projet.

Les valeurs exposées par la Convention de Faro découlent de l’idée de reconnaissance du patrimoine culturel comme instance fondamentale des relations économiques, sociales et politiques. A partir de là, il s’agit d’instaurer une démocratisation de la gestion du patrimoine et d’inclure dans les débats la société civile regroupée et représentée par des Communautés patrimoniales. Le concept de responsabilité partagée théorise ainsi la multiplicité des parties prenantes en ce qui concerne les politiques culturelles locales et l’idée de dialogue ouvert pour permettre à chacun de se positionner dans la discussion.

Dans le deuxième secteur ces idées ont été mises en application dés 2011. Je suis fière du travail accompli, apportant ainsi notre contribution et notre expérience dans le contexte de négociations à l’échelle européenne pour une ratification officielle de la Convention par de nombreux pays membres. Ce témoignage est la preuve que la théorie des textes officiels peut être transformée en évènements concrets et en gestion démocratique efficace du patrimoine.

Je remercie ceux qui ont contribués à la réussite de ce forum, mes amis et collègues : Samia Ghali, Garo Hozvepian, le Maire de Vitrolles, le Conseil de l’Europe, le Parlement Européen, le Conseil Général, Marseille Provence 2013, Hôtel du Nord, les membres de la Coordination Patrimoines et Créations de la mairie, l’association En Italique et monsieur Hirt et ses amis.

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